Comprendre le Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK) : une pathologie encore mal connue

Par Océane Terrisse
6 minutes de lecture

Il est important de souligner que les informations présentes dans cet article ont uniquement une valeur informative générale. Elles ne peuvent en aucun cas remplacer une consultation médicale. Chaque situation de SOPK étant unique, les décisions doivent être prises en concertation avec votre médecin.
Le SOPK est un problème de santé publique important. C’est la maladie la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer, elle touche environ 5 à 20 % des femmes.
Le SOPK et la sécrétion d'androgènes
Le SOPK est une pathologie gynécologique endocrinienne qui provoquerait une augmentation de la synthèse et de la sécrétion d'androgènes par les ovaires. Les androgènes sont des hormones stéroïdes, souvent appelées hormones masculines, bien que présentes à la fois chez les hommes et les femmes. Les principaux androgènes sont la testostérone, la dihydrotestostérone (DHT) et l'androstènedione. Ce déséquilibre hormonal est à l'origine de la caractéristique principale du SOPK : la présence de multiples follicules dans les ovaires. En effet, bien que plusieurs follicules commencent à se développer, aucun n'atteint sa maturité complète en raison de l'impact des androgènes. Ces follicules immatures, souvent appelées "kystes", s'accumulent dans les ovaires. Ce phénomène affecte les cycles menstruels, rendant ainsi l'ovulation irrégulière ou absente, ce qui peut entraîner des difficultés à concevoir.
Il existe deux principales explications à l’excès d’androgènes observé dans le SOPK :
Un dérèglement des hormones cérébrales
Le cerveau envoie trop souvent un signal qui pousse l’organisme à produire les hormones LH et FSH, en quantité légèrement plus élevée. Cette augmentation stimule les ovaires, qui fabriquent alors trop d’androgènes et d’œstrogènes.
Un problème au niveau des ovaires ou des glandes surrénales
Un dérèglement dans la production des hormones stéroïdiennes entraîne un excès d’androgènes directement au niveau des ovaires ou des surrénales.
Les origines multifactorielles du SOPK
L'origine du SOPK reste encore mal comprise. Les causes sont très probablement multifactorielles impliquant des facteurs génétiques, épigénétiques et environnementaux.
Causes génétiques
Le SOPK présente une forte composante héréditaire, 60 à 70 % des filles nées de mères atteintes du SOPK développent des symptômes. Cependant, bien qu'une vingtaine de gènes de prédisposition aient été identifiés, ils expliqueraient moins de 10 % des cas. Cela signifie qu'il existe probablement d'autres facteurs génétiques qui n'ont pas encore été découverts. Les recherches actuelles se poursuivent pour mieux comprendre le rôle des gènes dans le développement de la maladie.
Causes épigénétiques
L'épigénétique désigne des changements dans l'expression des gènes causés par des facteurs externes, sans modification de la séquence d'ADN. Les facteurs épigénétiques peuvent être modulés par l'environnement, l'alimentation, ou encore le stress, et peuvent être transmis de manière intergénérationnelle. Des chercheurs explorent cette piste dans des études récentes, cherchant à comprendre comment certains facteurs extérieurs influencent le développement du SOPK à travers les générations.
Causes environnementales
Les facteurs environnementaux jouent également un rôle dans le développement du SOPK. Parmi ces facteurs, on trouve les perturbateurs endocriniens, qui sont des substances pouvant interférer avec le système hormonal. Ces perturbateurs sont présents partout dans notre quotidien. L'exposition à ces substances au cours du développement fœtal ou pendant la puberté pourrait contribuer à l'apparition du SOPK.
Les chercheurs poursuivent l'exploration de ces différentes pistes pour mieux comprendre les causes du SOPK, dans l'espoir d'améliorer sa prise en charge.
Les symptômes, une réalité unique pour chaque femme

Il est important de comprendre qu'il existe différents SOPK, et que chaque femme peut présenter des symptômes prédominants variés. Ces symptômes sont souvent négligés mais peuvent avoir un impact considérable dans le quotidien des femmes.
Le SOPK est une maladie complexe qui affecte de nombreux aspects de la santé physique et émotionnelle.
Source : Asso-SOPK
Les symptômes et les complications du SOPK évoluent au cours de la vie :
- À 15 ans l'hyperandrogénie et les cycles menstruels irréguliers sont les symptômes prédominants.
- À 25-30 ans l'hyperandrogénie persiste pouvant être accompagnée de problèmes de fertilité.
- À 45 ans les symptômes liés à l'hyperandrogénie restent, mais des complications métaboliques peuvent apparaitre comme l’insulino-résistance.
- À 55 ans les risques cardiovasculaires et le diabète de type 2 deviennent des préoccupations majeures
Le diagnostic est clé mais demeure complexe
Jusqu’à 70 % des femmes touchées ne sont toujours pas diagnostiquées dans le monde !
Le diagnostic repose sur un ensemble de critères cliniques et d'examens complémentaires. Il est fondé sur les critères de Rotterdam, qui incluent la nécessité de détecter au moins deux des trois éléments suivants :
Une hyperandrogénie clinique
hirsutisme, acné, alopécie androgénique ou biologique
Une oligo ou anovulation (absence d'ovulation)
on parle d'anovulation lorsqu'il n'y a pas d'ovulation dans un cycle, qui doit normalement durer entre 25 et 35j
La présence d'au moins un ovaire avec plus de 20 follicules de 2 à 9 mm
et/ou un volume ovarien supérieur à 10 ml sans présence de kyste ou de follicule dominant, à l’échographie endovaginale.
Les traitements du SOPK soulagent les symptômes sans le guérir
Le traitement du SOPK est symptomatique et se concentre sur l'amélioration de la qualité de vie des patientes, sans guérir la condition. Les traitements varient selon les symptômes rencontrés, mais ils sont généralement adaptés à chaque patiente.
L'adaptation de l’alimentation et des habitudes de vie
En cas de surpoids, une perte de 5 à 10 % du poids corporel peut améliorer la régularité des cycles, réduire l’hyperandrogénie (notamment l'excès de testostérone), et améliorer la fertilité. Pour les femmes n'étant pas en situation de surpoids, la perte de poids n'apporte pas de bénéfice en particulier.
Des adaptations alimentaires et une activité physique modérée peuvent également aider à réduire les risques métaboliques liés au SOPK, comme le diabète de type 2, et donc à préserver sa santé à long termes afin de ne pas développer de nouvelles pathologies chroniques.
Les traitements médicamenteux
Ils ont pour objectif de réguler les déséquilibres hormonaux. Différents médicaments hormonaux et métaboliques, tels que la pilule oestroprogestative, les anti-androgènes ou la metformine, peuvent être utilisés pour traiter des symptômes comme l’hirsutisme, la résistance à l’insuline, l’hyperandrogénie, l’acné et d’autres manifestations du SOPK.
SOPK et résistance à l’insuline
Environ 70 % des femmes atteintes du SOPK présentent une insulinorésistance. Il est important de noter que cette résistance à l’insuline peut exister même chez les femmes ayant un IMC normal, bien qu’elle soit plus fréquente en cas de surpoids ou d’obésité.
La résistance à l’insuline joue un rôle dans le développement et l’aggravation du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). D’une part, l’excès d’insuline entraîne une inflammation chronique dans l’organisme. D’autre part, il a un impact direct sur le fonctionnement des ovaires en stimulant la production de testostérone par les cellules ovariennes, alors que ces dernières devraient normalement produire des œstrogènes. Ce déséquilibre hormonal est accentué par une autre action de l’insuline : elle stimule la sécrétion d’hormone lutéinisante (LH), qui elle aussi augmente la production d’androgènes. Ce taux élevé d’androgènes est à l’origine des principaux symptômes du SOPK dont la prise de poids.
SOPK et fertilité

Le SOPK est l’une des principales causes d’infertilité chez les femmes, mais il est possible de concevoir, bien que cela prenne généralement plus de temps.
En moyenne, les personnes atteintes de SOPK mettent deux ans de plus à concevoir spontanément par rapport aux femmes sans SOPK.
Pour favoriser la conception lorsque le SOPK est le seul facteur responsable de l'infertilité, des traitements de stimulation ovarienne peuvent être utilisés. Si ces traitements ne donnent pas de résultats ou entraînent des complications liées au syndrome, la procréation médicalement assistée (PMA) peut être envisagée comme alternative.
Une prise en charge globale et personnalisé
Un SOPK non pris en charge et non suivi peut entraîner de nouveaux symptômes et complications avec l’âge. Un suivi médical régulier est essentiel pour prévenir et identifier les risques. La prise en charge varie en fonction des besoins individuels et peut inclure différents professionnels de santé. Avant tout la présence dans l'entourage de osin d'un endocrinologue, d'un gynécologue ou d'une sage-femme est cruciale pour le suivi médical.
Selon les symptômes, d’autres spécialistes tels qu’un diététicien-nutritionniste spécialisé dans le SOPK, un psychologue, un sophrologue, un sexologue, un ostéopathe ou un kinésithérapeute peuvent également être impliqués.
La prise en charge doit être personnalisée et adaptée au SOPK. Elle reste fondamentale pour éviter des complications à long terme.
Que retenir du Syndrome des Ovaires PolyKystiques (SOPK) ?
Le SOPK est une pathologie complexe qui affecte la santé des femmes sur plusieurs fronts, notamment hormonaux, reproductifs et métaboliques. Bien que des traitements existent pour soulager les symptômes, la recherche continue d’explorer ses origines et de développer des solutions plus globales. Les chercheurs se penchent notamment sur les facteurs hormonaux in utero et les dérèglements au niveau du cerveau, tout en étudiant les liens avec des troubles métaboliques et psychologiques. L’objectif est de trouver des traitements plus efficaces, qui ciblent la cause sous-jacente du SOPK, et non pas uniquement ses symptômes.
Notre article est issu de sources fiables et vérifiées
Articles
Le syndrome des ovaires polykystique (SOPK) - L'INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale)
Syndrome des ovaires polykystiques - Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Associations
SOPK Europe – Organisation européenne de sensibilisation et de soutien aux femmes atteintes du Syndrome des Ovaires Polykystiques. Elle œuvre pour promouvoir l’éducation, la recherche et l'amélioration de la prise en charge du SOPK à l’échelle européenne.
Association SOPK – Association française dédiée au soutien des femmes atteintes du SOPK. Elle offre des ressources d'information, organise des événements et soutient les femmes dans leur parcours de soins tout en sensibilisant le public et les professionnels de santé.
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