Suivi individuel à domicile avec le CASVP : Prévention et prise en charge de la dénutrition/des troubles nutritionnels chez la personne âgée.

La dénutrition, épidémie silencieuse qui touche des centaines de milliers de personnes en France, est l’une des causes principales de chute et d’hospitalisation des séniors du domicile. Plus de 400 000 personnes âgées vivant à domicile sont dénutries et 3 fois plus de personnes à domicile sont considérées à risque de dénutrition. La dénutrition favorise les chutes, à tel point que l’on considère que plus d’une chute sur deux chez ce public est due à la dénutrition. La dénutrition entraine une perte d’autonomie et peut remettre en cause le maintien à domicile. En agissant dans la prévention nutritionnelle, on peut favoriser le maintien à domicile et la bonne santé des personnes accompagnées par les SAAD / SSIAD / SPASAD. Le suivi individuel à domicile C-DIET avec une diététicienne permet d’améliorer la qualité de vie et la santé des bénéficiaires mais également apporte un nouveau soutien à leurs familles et soulage les professionnels du domicile sur la question alimentaire.

Pourquoi est-ce important de mettre en place un suivi nutritionnel individuel à domicile ?

Pour prévenir ou prendre en charge la dénutrition, la prise en charge nutritionnelle est primordiale. Sur le millier de personnes âgées fragiles de plus de 75 ans vivant à domicile accompagnées par C-DIET en 2022 lors de moments de vie difficiles, environ 3 personnes sur 10 souffraient d’une dénutrition. Environ 5 sur 10 concentraient suffisamment de facteurs pour basculer vers une situation de dénutrition. Maladie silencieuse, la dénutrition résulte d’un déséquilibre entre les apports et les besoins nutritionnels. Sans dépistage ou prise en charge de la dénutrition, la personne âgée à domicile va progressivement s’enfoncer dans la spirale de la dénutrition. Celle-ci engendre une perte du tonus musculaire, une augmentation significative du risque de chute et d’hospitalisation, une baisse d’efficacité de la médication ou encore l’apparition d’escarres. Non prise en charge, la dénutrition entraine une perte d’autonomie sévère nécessitant donc une augmentation de la charge de travail des équipes à domicile et mettant en péril le maintien à domicile. 

Pourtant, nombreuses sont les personnes âgées accompagnées par des professionnels du domicile en capacité de déployer quelques gestes minimums pour endiguer le risque de dénutrition. Et ceci, sans même que le temps de travail n’en soit bouleversé ou que la relation avec le bénéficiaire n’en soit changée.

De plus, l’alimentation et ses conséquences est un sujet souvent délicat pour les familles, les personnes ainsi que les professionnels de la vie à domicile qui peuvent parfois se retrouver démunis. En effet, il n’est pas évident de savoir quoi faire face à ces situations épineuses :

  • Perte de poids et amaigrissements soudains
  • Refus de s’alimenter, grandes frustrations et conflits
  • Constipations gênantes, diarrhées ou autres troubles gastriques
  • Courses et préparations qui ne satisfont jamais
  • Autres difficultés d’ordre alimentaire (grande fatigue, pathologies métaboliques mal équilibrées, etc.)

Les diététiciennes de C-DIET, dont c’est le cœur de métier, sont formées pour prendre en charge ces problèmes. L’objectif est d’accompagner les personnes, leurs proches et les professionnels dans la mise en place des gestes simples et adaptés aux capacités de chaque bénéficiaire. 

Et les résultats sont factuels : stabilisation et amélioration des poids des personnes, meilleure forme physique, déverrouillage des situations de crise autour du refus alimentaire, baisse significative des troubles digestifs, satisfaction des personnes ou des familles.

Le suivi individuel permet ainsi d’améliorer le statut nutritionnel des bénéficiaires et donc leur qualité de vie. De plus, en agissant sur leur santé nutritionnelle, on soulage le travail et les finances des principaux acteurs institutionnels de l’autonomie, les Agences Régionales de Santé et les Conseils Départementaux. Les politiques de prévention de la perte d’autonomie sont longues et coûteuses. Or, le sujet du suivi nutritionnel est au cœur de nombre de ces politiques.

Ainsi, afin de favoriser le bienvieillir, il est important de pouvoir sensibiliser les professionnels de la vie à domicile mais également dépister la dénutrition ou son risque, de même que les troubles nutritionnels par le biais des bilans nutritionnels et des suivis. Pour plus d’information sur l’accompagnement nutritionnel pour les SAAD / SSIAD / SPASAD, consultez notre article.

Comment se déroule le suivi nutritionnel individuel proposé par C-DIET ?

Les objectifs du suivi C-DIET sont de :

  • Prévenir les troubles nutritionnels
  • Repérer et prendre en charge les bénéficiaires du SAAD / SSIAD / SPASAD sur le plan nutritionnel.

Ainsi, nos diététiciennes évaluent la situation nutritionnelle et prennent en charge individuellement les bénéficiaires du SAAD / SSIAD / SPASAD sur une base mensuelle ou bimensuelle.

Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire de :

  • Sensibiliser les équipes du SAAD / SSIAD / SPASAD au repérage des troubles nutritionnels avec des éléments simples et visibles au quotidien par les équipes (perte de poids >2kg en 1 mois, baisse des consommations, etc.). Ainsi les équipes sont capables d’identifier les bénéficiaires à risques.
  • Evaluer l’état nutritionnel de chaque bénéficiaire et de confirmer les situations de risque. La diététicienne appelle chacun des bénéficiaires à risque identifiés afin de réaliser une action de sensibilisation personnalisée par téléphone et proposer un bilan nutritionnel. Ce bilan réalisé par téléphone et d’une durée de 15 à 20 min permet à la diététicienne de prodiguer les premiers conseils pratiques afin d’améliorer les apports nutritionnels et l’alimentation. Par exemple, en cas de risque de dénutrition, elle pourra mettre en place l’enrichissement, donner des conseils en cas de perte d’appétit. Un compte-rendu détaillé et des « fiches conseils » en rapport avec les problématiques nutritionnelles relevées sont systématiquement remis aux bénéficiaires par le biais des équipes à domicile afin qu’ils puissent conserver une trace écrite et s’y référer si besoin.
  • Effectuer un suivi entre la diététicienne et le référent nutrition de SAAD / SSIAD / SPASAD. Ainsi, les bénéficiaires à risque profitent d’un suivi nutritionnel personnalisé pendant 3 mois. Ce suivi est possible grâce à une coopération des professionnels qui accompagnent les bénéficiaires et la diététicienne C–DIET. Ces 3 mois permettent de résoudre 75 % des situations. En moyenne, si le responsable et la diététicienne sont bien préparés, cela équivaut à 3 minutes environ par bénéficiaire et par mois.
  •        Renouveler le suivi nutritionnel si nécessaire. Au bout de 3 mois de suivi, la diététicienne effectue un bilan nutritionnel. Si les 3 mois de suivi ne suffisent pas à stabiliser la situation, le suivi est renouvelé pour 3 mois. Ces renouvellements permettent en fin de cycle de résoudre la quasi-totalité des situations de troubles nutritionnels.

Et concrètement comment se passe le suivi nutritionnel C-DIET ?

Prenons le cas concret du suivi C-DIET avec le CASVP : depuis février 2022, les diététiciennes C-DIET et les équipes du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris (CASVP) luttent ensemble contre la dénutrition et les troubles nutritionnels chez les bénéficiaires du CASVP.

1. Sensibilisation

Le partenariat a commencé par une après-midi de formation en présentiel le 02/02/23, animée par une de nos diététiciennes et à destination de plus de 20 référentes nutrition du CASVP.

Au programme de cette après-midi, 4h d’échanges intensifs autour de la nutrition des séniors :
– L’alimentation générale avec l’équilibre alimentaire, l’hydratation, les troubles du transit (diarrhées, constipation)
– Reconnaitre et prendre en charge la dénutrition avec un focus sur les bonnes conditions d’utilisation des Compléments Nutritionnels Oraux

Le but est de sensibiliser les professionnels du terrain afin de pouvoir repérer et prendre en charge les troubles nutritionnels mais aussi lutter contre les préjugés sur l’alimentation des séniors.

Cette formation fait partie du cycle de 10 modules que nous proposons à tous nos partenaires pour mettre en place un dépistage systématique et efficace des troubles nutritionnels et par-dessus tout de la dénutrition.

2. Evaluation de l’état nutritionnel de chaque bénéficiaire

Depuis le 16/02/23, les diététiciennes réalisent les bilans nutritionnels des bénéficiaires du CASVP. Selon les cas, les bilans sont réalisés soit directement avec les professionnelles du CASVP (aide à domicile, aide-soignante, infirmière) ou avec les bénéficiaires accompagnés des professionnelles citées précédemment. La diététicienne met en place les premières recommandations, établi un compte rendu et fait parvenir les fiches conseils aux équipes afin qu’elles puissent les déposer au domicile des bénéficiaires.

Au 28/04/23, 120 séniors ont bénéficié du bilan nutritionnel et sont accompagnés par nos diététiciennes pour les ramener vers un état nutritionnel satisfaisant.

3. Suivi des bénéficiaires entre la diététicienne et les référents nutrition de chaque secteur du CASVP 

Une fois par mois, la diététicienne et les référents nutrition échangent sur les évolutions des situations des bénéficiaires (poids, mises en place des conseils, changement dans l’état de santé ou les habitudes de vies, etc.). Ensemble, ils discutent des recommandations les plus appropriées à chaque bénéficiaire. En effet, ce sont les équipes du CASVP qui connaissent le mieux les bénéficiaires, leurs habitudes et ce qu’ils sont susceptibles d’accepter ou non qui sont en relation avec les diététiciennes. Cela permet de proposer des adaptations qui seront personnalisées et donc mises en place et suivies.

Quelques retours sur les situations nutritionnelles au CASVP

L’état nutritionnel en quelques chiffres :

  • 23 bénéficiaires sont dénutris (selon les critères de l’HAS)
  • 63 bénéficiaires sont à risque de dénutrition
  • Sur les 120 bénéficiaires, 88 ont des pathologies chroniques ou des troubles digestifs

 Les recommandations des diététiciennes en quelques chiffres : 

  • Elles ont émis 9 recommandations sur les Compléments Nutritionnels Oraux (CNO). Par exemple, Mr B. 72 ans, à risque de dénutrition, avait un CNO lacté de prescrit mais il ne le consommait pas tous les jours car il lui coupait l’appétit. La diététicienne a donc conseillé de le prendre vers 14h30, à distance des repas ou au moins 2h avant les repas.
  • Elles ont émis 67 recommandations alimentaires. Par exemple, Mme P. 82 ans, en dénutrition modérée, avait un CNO prescrit par jour mais aucune adaptation alimentaire. La diététicienne a donc conseillé de mettre en place l’enrichissement de l’alimentation et le fractionnement en prenant une collation à 16h00.
  • Elles ont émis 63 recommandations sur l’équilibre alimentaire ou l’hydratation. Par exemple, Mr S, 86 ans sans risque nutritionnel apparent hormis un risque de déshydratation car Mr a du mal à boire de l’eau. La diététicienne a conseillé de proposer de l’eau avec du sirop sans sucre, de l’eau pétillante, des jus de fruits afin de stimuler les consommations de Mr.

La dynamique de cette prise en charge avec suivi individuel permet au CASVP de détecter parmi ses bénéficiaires la présence des cas à risque nutritionnel. Ainsi les diététiciennes C-DIET peuvent proposer leurs expertises nutritionnelles afin de relever le statut nutritionnel des bénéficiaires. De plus, la collaboration équipes du CASVP – Diététicienne C-DIET est vraiment adaptée et personnalisée aux bénéficiaires.  Cette alliance permet d’offrir une prise en charge optimale aux bénéficiaires du CASVP.

Pour plus d’informations sur la prise en charge de la dénutrition, consultez notre article Améliorer la détection de la dénutrition en SAAD/SSIAD/SPASAD.