Suivi individuel en EHPAD : Prévention et prise en charge de la dénutrition chez la personne âgée

270 000 résidents en EHPAD sont touchés par la dénutrition ! Cette maladie silencieuse est un enjeu sanitaire majeur au sein des EHPAD. Mettre en place un suivi individuel en EHPAD permet de lutter efficacement contre la dénutrition. La dénutrition est l’une des causes principales d’hospitalisation des séniors puisqu’à cause de ses nombreuses conséquences, elle impacte de manière significative la qualité de vie des résidents en EHPAD. En même temps, la dénutrition engendre une augmentation du temps humain de soin ou d’accompagnement à l’autonomie. Selon les quelques études spécifiquement dédiées à ce sujet, la dénutrition engendre un surcoût de prise en charge de 6 500 € pour un résident d’EHPAD à risque de dénutrition et jusqu’à 10 000 € pour un résident dénutri. Afin d’avoir un véritable impact, la réponse à la dénutrition dans les EHPADs exige une collaboration entre les différents professionnels (soignants, administratifs, hôtellerie …) qui accompagnent les résidents au quotidien et le professionnel de l’alimentation qu’est le diététicien. C’est pourquoi afin d’avoir une action efficace dans la lutte contre la dénutrition mais également de prise en charge de la nutrition, l’amélioration du suivi de la nutrition en EHPAD est une nécessité.

Pourquoi est-ce important de mettre en place un suivi individuel en EHPAD ?

Une prise en charge nutritionnelle est primordiale dans la prévention ou la prise en charge de la dénutrition. En EHPAD, 2 résidents sur 3 environ encourent un risque nutritionnel conduisant vers la dénutrition. Sans adaptation alimentaire et sans suivi, la prévention pour ces personnes-là est inexistante, et il s’avère fortement complexe voire impossible de relever durablement le statut nutritionnel des patients glissant vers la dénutrition. Ce suivi nutritionnel passe par une adaptation de l’alimentation avec entre autres la mise en place de l’enrichissement et du fractionnement. Peut s’ajouter à ces adaptations, selon l’état nutritionnel, l’utilisation d’un ou de plusieurs Complément Nutritionnel Oral (CNO).

L’accompagnement nutritionnel doit avant tout s’envisager dans ce sens-là, que cela soit pour le bien du patient ou du portefeuille de l’établissement, mais aussi pour envisager une alimentation du patient non dépendante des CNO sur le moyen terme. Or, on constate souvent que les CNO sont la seule réponse mise en place pour lutter contre la dénutrition en EHPAD, alors même qu’il existe beaucoup de solutions alimentaires à mettre en place en amont ou en parallèle.

Avec le suivi individualisé, le recours au CNO lors de l’intervention des professionnels diététiciens est mieux ciblé et mieux suivi que sans intervention. Cela engendre une réduction relative du recours au CNO de 3 mois sur l’ensemble des personnes dénutries ou à fort risque de dénutrition, en moyenne dans l’établissement.

Le suivi individuel permet ainsi d’améliorer le statut nutritionnel des résidents et donc leur qualité de vie. De plus, des résidents plus autonomes d’un point de vue alimentaire signifient une charge de travail moins importante pour les équipes couplée à une diminution des coûts financiers.

En effet, l’intervention de C-DIET suscite des économies directes et rapides pour les finances de l’établissement, et d’autres économies sur le moyen terme. Les méthodes de calculs du retour sur investissement sont complexes, et nous vous invitons à consulter notre page sur l’accompagnement nutritionnel en EHPAD pour plus de détail. 

Pour exemple, pour un coût moyen référencé de 1.70 € pour un CNO seul (sans la prise en compte des gestes associés), la réduction du recours CNO représente au moins 4100 € par an pour un établissement de 80 résidents.

Cette simple économie constatée chez chacun de nos partenaires finance plus de la moitié de l’accompagnement C-DIET et ne constitue que la partie la plus abordable du calcul économique.

Comment se déroule le suivi nutritionnel individuel en EHPAD proposé par C-DIET ?

Le suivi C-DIET permet d’évaluer la situation nutritionnelle et de prendre en charge individuellement l’intégralité des résidents de l’EHPAD, au moins une fois par mois.

Les coordinations, points mensuels ou bimensuels, sont réalisées avec le référent nutrition de l’établissement (IDE, AS, etc.) et la diététicienne C-DIET, en visio ou par téléphone. En moyenne, si le responsable et la diététicienne sont bien préparés, cela équivaut à 3 minutes environ par bénéficiaire et par mois. Rappelons que pour assurer un échange extrêmement qualitatif entre ces deux professionnels, l’intervention de C-DIET dans l’établissement prévoit aussi un parcours de formation de 7 heures auprès des professionnels.

Lors de ces rendez-vous, la diététicienne établit un diagnostic nutritionnel ainsi qu’un suivi du poids et de l’IMC. Avec le référent nutrition de l’EHPAD, ils échangent sur les personnes suivies. La diététicienne propose ses recommandations en adéquation avec l’avis du référent. Ils vont ensemble pouvoir mettre en place ou ajuster les recommandations nutritionnelles. Cela se fait selon les capacités de l’EHPAD et les habitudes et capacités du résident. Ces modifications permettent d’ajuster les dépenses associées (ajustement ou arrêt des CNO, enrichissement, gaspillage, liens avec la cuisine et l’hôtellerie). En pratique, cela peut se traduire par la mise en place d’un enrichissement : 2 cuillères à soupe de lait en poudre dans le chocolat au petit-déjeuner, l’ajout de beurre et/ou d’un fromage dans les plats, le potage, etc.

L’équipe médicale a accès au compte-rendu généré pour chacun des résidents et associé à des fiches techniques pour faciliter la mise en place des recommandations de la diététicienne.

Le suivi nutritionnel est généralement proposé sur 12 mois. Il faut souvent 2 à 3 mois pour atteindre un rythme de routine. Des résultats sont visibles dès le premier mois, notamment sur la cohérence des actions mises en place pour la prise en charge des résidents d’EHPAD et sur la consommation de CNO.

Au bout de 6 mois, l’organisation de l’établissement pour délivrer les bonnes prises en charges nutritionnelles est complètement calée et routinière. La situation nutritionnelle des résidents est nettement améliorée (jusqu’à 35 % de situations à risque de dénutrition en moins, et 15 % de situation de dénutrition en moins). C’est à ce moment-là que d’autres gains peuvent commencer à s’observer.

Quels sont les résultats du suivi individuel ?

Entre le 20 Mars et le 10 Avril 2023, nos diététiciennes ont réalisés le suivi nutritionnel individuel avec 11 EHPADs partenaires. Petit bilan !

  • EHPAD Partenaire 1 : 3 résidents dénutris et 5 à risque de dénutrition sur les 20 suivis ce jour, Mise en place de 6 adaptations alimentaires (exemple : lait en poudre dans les laitages et beurre dans la blédine du petit-déjeuner,) et de 2 CNO. Pour cet EHPAD, 20% des résidents sont dénutris et 40% sont à risque de dénutrition. (Epidémies de bronchite et de gastro en février expliquant le taux élevé de résidents à risque de dénutrition)
  • EHPAD Partenaire 2 : 4 résidents dénutris et 10 à risque de dénutrition sur les 30 suivis ce jour. Mise en place de 15 adaptations alimentaires (exemple : poursuite des enrichissements mis en place la fois précédente car cohérent et efficace au vu des résultats !) et de 2 CNO. Pour cet EHPAD, 13% des résidents sont dénutris et 33% sont à risque de dénutrition.

Pour ces EHPADs, les coordinations permettent un échange de qualité. Les recommandations sont mises en place de manière systématique. On constate qu’avec ce suivi, les états nutritionnels des résidents s’améliorent puisque cela fait quelques semaines que les équipes et les diététiciennes travaillent ensemble. 

EHPADs dont la mise en place du suivi a débuté durant cette même période :

  • EHPAD Partenaire 3 : 19 résidents dénutris et 12 à risque de dénutrition sur les 44 suivis ce jour. Mise en place d’enrichissement pour tous (exemple : lait en poudre dans les laitages et beurre et fromage sur les plats) et de 5 CNO. Pour cet EHPAD, 28% des résidents sont dénutris et 16% sont à risque de dénutrition. 
  • EHPAD Partenaire 4 : 1 résidents dénutris et 12 à risque de dénutrition sur les 38 suivis ce jour. Mise en place de 3 adaptations alimentaires (exemple : ajouter un yaourt à la collation et un fromage à 12h) et de 1 CNO. Pour cet EHPAD, 23% des résidents sont dénutris et 27% sont à risque de dénutrition. 
  • EHPAD Partenaire 5 : 12 résidents dénutris et 3 à risque de dénutrition sur les 15 suivis ce jour. Mise en place de 13 adaptations alimentaires (exemple : enrichir le potage du soir, proposer un deuxième fromage à 12h et enrichir la blédine avec du beurre le matin) et de 1 CNO.
  • EHPAD Partenaire 6 : 3 résidents dénutris et 7 à risque de dénutrition sur les 25 suivis ce jour. Mise en place de 6 adaptations alimentaires (exemple : enrichir le potage du soir et proposer un deuxième fromage à 12h) et de 5 CNO.
  • EHPAD  Partenaire 7 : 12 résidents dénutris et 2 à risque de dénutrition sur les 18 suivis ce jour. Mise en place de 10 adaptations alimentaires (exemple : lait en poudre dans les laitages).
  • EHPAD  Partenaire 8 : 7 résidents dénutris et 5 à risque de dénutrition sur les 12 suivis ce jour. Mise en place de 7 adaptations alimentaires (exemple : proposer un laitage au petit-déjeuner, enrichir la boisson du petit-déjeuner, et ajouter du fromage dans les plats mixés) et de 2 CNO.
  • EHPAD  Partenaire 9 : 7 résidents dénutris et 8 à risque de dénutrition sur les 15 suivis ce jour. Mise en place de 13 adaptations alimentaires (exemple : enrichir le repas haché avec du beurre et ajouter du lait en poudre dans le café au lait) et de 1 CNO.
  • EHPAD  Partenaire 10 : 7 résidents dénutris et 3 à risque de dénutrition sur les 10 suivis ce jour. Mise en place de 13 adaptations alimentaires (exemple : proposer un deuxième fromage à 12h et enrichir les plats avec beurre et fromage) et de 1 CNO.
  • EHPAD  Partenaire 11 : 4 résidents dénutris et 1 à risque de dénutrition sur les 17 suivis ce jour. Mise en place de 6 adaptations alimentaires (exemple : enrichir les repas mixés, mettre du fromage et du beurre dans les plats) et de 5 CNO.

Pour ces EHPADs, le suivi individuel vient de débuter.  Cela explique la différence de résultats avec les EHPADs cités plus hauts. Nous ne pouvons pas fournir de statistiques sur les taux de dénutrition ou de risque de dénutrition puisque tous les résidents n’ont pas été évalués. Les coordinations se mettent en place, les référents nutritions sont motivés par le suivi car savent combien il est important. Sous peu, nous parviendrons à l’amélioration des états nutritionnels des résidents. Ainsi, la moyenne des états nutritionnels de l’établissement sera haut pour la moyenne nationale !

Quelques retours des coordinateurs qui témoignent à propos de suivi individuel C-DIET

Infirmière de l’EHPAD Saint Alban : « C-DIET c’est un plus pour les résidents, c’est sûr. C’est utile pour nous aussi, ça nous permet de ne pas marcher qu’au complément direct. Jusque-là on dosait l’albumine et on mettait un CNO … pendant 6 mois. Là on a un suivi tous les mois. Les suivis avec la diététicienne tous les mois c’est super, on est bien aidées sur des situations complexes ou on ne sait pas trop quoi faire. En plus on a acquis des réflexes … On met de la poudre de lait quand ils mangent moins. Et puis pour les plaies et la cicatrisation, on est au top maintenant ! »

Infirmière coordinatrice de l’EHPAD Les Alisiers de Fournels : « La mayonnaise a pris avec les équipes. On a réussi à faire reprendre du poids à nos crevettes de 35 kg et on pensait qu’on n’y arriverait pas. Ça fait une dynamique dans l’établissement et les cuisiniers sont impatients de participer aux formations proposées. »

Aide-soignante de l’EHPAD Les Alisiers de Fournels : « Le lien avec les diets est super. Elles sont à l’écoute et comprennent bien nos contraintes et s’appuient vraiment sur notre connaissance des résidents. Quand la diététicienne propose une collation à 10h et qu’on sait que ça va pas le faire, on le dit et on cherche une solution efficace. »

En immersion à l'EHPAD Les Alisiers de Fournels

Pour avoir également l’avis de la directrice, de l’infirmière coordinatrice et des résidents de l’EHPAD Les Alisiers de Fournels, écoutez le podcast réalisé par les équipes de la fantastique Radio Margeride.

Le suivi nutritionnel C-DIET permet donc de prendre en charge de manière optimale tous les résidents de l’établissement de manière régulière, concrète et adaptée à chaque établissement.

Pour plus d’informations sur la prise en charge de la dénutrition, consultez notre article Améliorer la détection de la dénutrition en EHPAD et les résultats d’une prise en charge nutritionnelle de 10 mois via C-DIET dans un EHPAD en 2019.

Retrouvez tous les détails de notre accompagnement en EHPAD sur notre page de service EHPAD.